Pas surprenant que la solitude soit l’un des principaux facteurs associés à la consommation de substances. Au cours de mes années de travail en tant que entraîneur, j’ai constaté que le sujet revenait sans cesse sur le tapis avec mes clients, encore plus depuis la pandémie. Une grande partie de mon travail consiste à aider mes clients à surmonter leur solitude, leur permettant de réduire leur consommation de substances.
Je commence souvent par demander à mes clients la raison derrière leur consommation. À première vue, cette question leur semble souvent étrange. « Comment ça, pourquoi est-ce que je consomme? J’aime le goût d’un bon Cabernet Sauvignon. » Ou encore « J’aime me défoncer avec mes amis lors des fêtes du week-end. » Et souvent, « J’ai besoin de me détendre à la fin d’une longue journée. »
Bien que toutes ces réponses puissent être vraies, je leur réponds que s’ils se questionnent suffisamment, ils découvriront probablement que ce ne sont pas les seules ni même les principales raisons derrière leur consommation. Je leur explique plutôt que si une personne continue à consommer des substances malgré leurs effets néfastes, il est probable qu’elle le fasse pour satisfaire des besoins naturels, compréhensifs et importants en elle. Pour changer sa relation avec les substances, on doit d’abord comprendre les besoins que l’on tente de satisfaire par la consommation d’alcool ou de drogues, puis trouver des solutions plus saines.
Après cette discussion, la plupart des clients reconnaissent qu’il existe en fait des raisons plus importantes et plus profondes pour lesquelles ils consomment des substances. Ces raisons sont diverses et variées. Certaines personnes consomment des substances pour essayer de ressentir quelque chose qu’elles ne ressentent pas habituellement, comme la confiance en soi, un sentiment de calme ou de bonheur. D’autres consomment des substances pour ne pas ressentir quelque chose qu’elles ressentent habituellement, comme la dépression, l’anxiété et le stress. Cependant, au cours des dernières années, la raison la plus importante qui est apparue comme principal moteur de la consommation de mes clients est la solitude.
D’une certaine manière, cela n’a rien d’étonnant. Au cours des dernières années, la solitude est devenue un problème majeur de santé publique. Comme indiqué précédemment, des études montrent que 30 à 40 % de la population se sent chroniquement seule. Il ne s’agit pas de se sentir seul de temps en temps, mais de se sentir seul fréquemment ou presque tout le temps. La solitude est encore plus répandue dans certaines populations comme les jeunes, les mères célibataires, les membres de la communauté LGBTQIA2S+, les immigrants et les personnes âgées. En Grande-Bretagne, la solitude est devenue une telle préoccupation nationale que le gouvernement a nommé un ministre de la Solitude au cabinet. En outre, lorsque Vivek Murthy a été nommé Directeur du Service de santé publique des États-Unis, le problème de santé publique sur lequel il a choisi de se concentrer n’était pas le cancer, le diabète ou les maladies du cœur, comme l’avaient fait ses prédécesseurs, mais la solitude, qu’il a ensuite approfondi dans Together: The Healing Power of Human Connection in a Sometimes Lonely World. Il y explique comment la technologie a accru la solitude tout en semblant faire le contraire :
~ Vivek H. Murthy, 19e et 21e Directeur du Service de santé publique des États-Unis dans Together: The Healing Power of Human Connection in a Sometimes Lonely World.
En réfléchissant à mes clients, je constate que les raisons de leur solitude sont nombreuses. Certains sont physiquement isolés des autres, un problème qui n’a fait que s’aggraver au cours de la pandémie. Certains n’accordent pas la priorité à leurs relations, croyant que le plus grand bonheur dans la vie se trouve ailleurs, dans des choses comme l’argent, le succès et le statut. Certains manquent de confiance en leur valeur personnelle et ont du mal à croire que les autres voudraient avoir affaire à eux et, par conséquent, s’isolent. Certains, en particulier ceux dont l’enfance s’est avérée blessante ou traumatisante, peinent à faire confiance aux autres et à s’ouvrir à eux. (Nous avons récemment abordé ce sujet dans Le lien entre les traumatismes et la consommation de substances.) Enfin, certains n’ont jamais vraiment appris à développer une intimité avec les autres, ce qui se traduit par des relations souvent superficielles et insatisfaisantes.
Quelles que soient ses causes, la solitude reste l’un des aspects les plus douloureux de l’expérience humaine. Selon un proverbe suédois, une joie partagée est une double joie, un chagrin partagé est un demi-chagrin. La solitude prive une personne à la fois du bonheur et de la capacité de réduire le chagrin. C’est un problème qui aggrave tous les autres problèmes de la vie. C’est peut-être la raison pour laquelle Mère Teresa, qui a travaillé avec les plus pauvres des pauvres, du moins sur le plan économique, a déclaré que la solitude est la pire forme de pauvreté.
Étant donné la douleur causée par la solitude, il est logique que les personnes qui y sont confrontées se tournent vers les substances. Certaines le font pour anesthésier la douleur liée à la solitude. D’autres parce que le sentiment produit par certaines substances, comme les opiacés, imite le sentiment d’être connecté et aimé. D’autres encore utilisent les substances comme un moyen de se rapprocher des autres, soit en augmentant leur confiance en soi, soit en diminuant leur anxiété sociale. Comme l’a dit le journaliste Johann Hari dans son TED Talk intitulé Everything You Thought You Knew About Addiction is Wrong : « Les êtres humains ressentent un besoin naturel et inné de former des liens et, lorsque nous sommes heureux et en bonne santé, nous tissons des liens avec les autres. Mais, si c’est impossible pour vous parce que vous vous sentez isolé, traumatisé ou abattu par la vie, vous vous attacherez à tout [notamment les substances] ce qui vous procure un certain soulagement. »
Dans les situations où mes clients ont recours aux substances pour surmonter la solitude, l’un de mes principaux objectifs consiste à les aider à se sentir plus connectés. Dans certains cas, je m’efforce d’aider les clients à accorder la priorité à leurs relations en réalisant que des choses comme l’argent, le succès et le statut apportent rarement la satisfaction à long terme que nous imaginons. Dans d’autres cas, j’aide mes clients à constater que le sentiment d’indignité qui les pousse à s’isoler a moins à voir avec ce qui leur manque qu’avec ce dont ils avaient besoin et qu’ils n’ont pas obtenu dans leur enfance. Parfois, j’aide mes clients à faire de plus en plus confiance aux autres et à s’ouvrir à eux, en réalisant que l’intimité repose sur une base de transparence et de vulnérabilité. N’empêche que dans tous ces cas, l’objectif reste le même : aider les clients à remplacer leur relation avec une substance par quelque chose d’encore plus satisfaisant : des relations étroites, significatives et épanouissantes avec d’autres personnes.
Dans son essai Why We Eat Too Much, le philosophe Allain de Botton déclare que lorsque nous mangeons trop, ce n’est pas pour assouvir une faim de nourriture. C’est plutôt parce que ce dont nous avons vraiment faim n’est pas disponible. Je pense qu’un phénomène similaire s’applique à la consommation d’alcool et de substances. Si nous buvons trop, ce n’est pas de l’alcool que nous avons soif. Nous avons soif d’autre chose. L’alcool n’est qu’un substitut. D’ailleurs, d’après mon expérience de travail avec mes clients, je crois que ce dont beaucoup d’entre nous avons soif sont les liens étroits, l’intimité et l’amour. Lorsque nous changeons notre relation avec les substances ou que nous commençons à mieux comprendre pourquoi nous les utilisons, nous sommes mieux outillés pour trouver ce que nous cherchions depuis le début.
~ Allain de Botton, Why We Eat Too Much
En conclusion, la clé d’une meilleure santé et d’un moindre besoin de substances est de s’attaquer à la douleur fondamentale pour bon nombre d’entre nous : la solitude. C’est peut-être pour cela que, comme l’a dit Johann Hari dans son TED talk : « Le contraire de la dépendance n’est pas la sobriété. Le contraire de la dépendance, c’est de tisser des liens. »
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