Le lien entre la consommation d’alcool et l’alimentation

Un bon jeudi matin, j’ai rencontré un client qui s’est empressé de me faire part de sa victoire de la semaine : aucune substance, et un minimum d’envies de consommer. « C’est merveilleux! », ai-je répondu. Il reprend immédiatement la parole pour me dire : « Pas si vite! Je n’ai pas consommé de la semaine, mais je ne peux pas arrêter de manger! Crème glacée, croustilles, chocolat, tout ce qui me tombe sous la main! Et le pire? Je me cache de mon épouse pour manger. Je mange une fois que tout le monde dort. C’est comme si j’avais remplacé ma consommation par la nourriture… »

Il n’est pas rare pour les gens qui changent leur relation avec les substances de constater un changement dans leurs habitudes alimentaires. Le lien entre l’alcool et la nourriture est complexe et souvent sous-estimé, mais demeure crucial pour les habitudes et la santé globale. Que vous aimiez prendre un verre au souper ou quelques bières la fin de semaine, l’alcool peut influencer vos choix alimentaires et la quantité que vous mangez. Comprendre ce lien s’avère essentiel pour faire des choix éclairés concernant l’alcool et l’alimentation, surtout en raison de leur lien bidirectionnel.

Consommation d’alcool et habitudes alimentaires

Puisque l’alcool est riche en calories, elle peut mener à un apport énergétique excessif en stimulant l’appétit et en réduisant les inhibiteurs concernant les choix alimentaires sains. Souvent, c’est ce qui augmente les fringales d’aliments sucrés ou transformés, et mène à des habitudes alimentaires malsaines. Trop manger (et trop boire d’alcool) peut se traduire par une prise de poids, du diabète et des maladies cardiaques. D’ailleurs, la consommation régulière d’alcool peut aussi interférer avec l’absorption de nutriments et causer des carences en vitamine B1 et en acide folique.

En revanche, certaines personnes pourraient choisir de moins manger pour compenser les calories de l’alcool ou pour accélérer les effets enivrants de l’alcool. Moins manger pour boire davantage est une tendance populaire chez les jeunes adultes; une tendance qui, malheureusement, mène à un taux plus élevé d’intoxication à l’alcool, de perte de conscience et de dommages au foie.

La santé liée à la consommation de substances et les habitudes alimentaires

Dès qu’une personne commence à changer sa relation avec l’alcool, ses habitudes alimentaires subissent souvent d’importants changements alors que le corps et l’esprit s’adaptent à l’absence d’alcool. Pour de nombreuses personnes, ce changement requiert de rétablir des habitudes alimentaires autrefois influencées ou perturbées par l’alcool. On peut l’attribuer à l’adaptation du corps à la réduction de la consommation et à l’adoption de nouvelles habitudes. Explorer le lien entre la santé liée à la consommation de substances et les habitudes alimentaires peut vous aider à comprendre la façon dont ce parcours transforme le corps et l’esprit. Voici les trois principaux types de conséquences possibles sur le corps :

  • Conséquences psychologiques : La consommation problématique de substances ou d’alcool est souvent liée à un problème sous-jacent. L’alcool devient une source de soulagement des facteurs de stress quotidiens, de l’anxiété ou de la détresse émotionnelle. La consommation d’alcool et les excès alimentaires servent donc de stratégies d’adaptation. Lorsqu’une personne réduit sa consommation d’alcool, elle pourrait se tourner vers la nourriture (surtout les aliments ultra-transformés ou riches en sucre ou en gras) pour se réconforter ou accroître sa dopamine. Si l’alcool sert à gérer les émotions, la réduction de la consommation risque de laisser un vide. Certaines personnes pourraient tenter de remplir ce vide en mangeant, peut-être même sans s’en rendre compte, surtout en période de stress. Une autre raison psychologique qui explique les changements alimentaires porte sur la routine et les habitudes. L’alcool fait souvent partie d’un rituel – une bière après le travail, un verre de vin au souper, par exemple. Sans ces habitudes, les gens pourraient se tourner vers la nourriture, et ainsi, les excès alimentaires.
  • Conséquences neurologiques : L’alcool et les excès alimentaires affectent tous deux le système de récompense du cerveau, surtout le taux de dopamine et de sérotonine. Cesser de consommer de l’alcool peut mener à une baisse de l’activité de la dopamine, ce qui incite la personne à rechercher d’autres sources de plaisir, comme la nourriture. Des données démontrent que les aliments hautement transformés et sucrés désensibilisent le système de récompense du cerveau à un tel point qu’il lui faudra davantage de récompenses pour obtenir le même effet de plaisir. Cela correspond à la façon dont nous comprenons la tolérance de la consommation de substances. Alors que le système de récompense du cerveau se désensibilise aux effets de la substance, il en faudra une plus grande quantité pour parvenir aux mêmes effets de récompense.
  • Conséquences physiologiques : Les fluctuations de la glycémie et les carences nutritionnelles prolongées sont également à l’origine des fringales et de la surconsommation de nourriture. L’alcool affecte le niveau de glycémie, et cesser d’en consommer peut causer des envies de sucre et de glucides pour compenser. Cela peut mener à une surconsommation alimentaire, surtout en aliments riches en sucre et en glucides. L’hypoglycémie peut se manifester par des envies de sucre, de glucides et d’alcool, une faible tolérance au stress, un manque d’énergie, de l’irritabilité, un manque de concentration et de l’anxiété. D’ailleurs, les carences nutritionnelles causées par une consommation d’alcool prolongée peuvent affecter le niveau d’énergie et le bien-être global.

La gestion de la nutrition

Changer votre relation avec l’alcool signifie aussi changer votre relation avec la nourriture. Voici quelques stratégies pour vous aider à adopter de saines habitudes alimentaires alors que vous changez vos habitudes de consommation d’alcool :

  • Consommer des protéines et de bons gras : Une consommation accrue de protéines et de bons gras favorise la satiété et la stabilité de la glycémie. Vous serez donc moins porté à ressentir des fringales, et vous aurez davantage d’énergie.
  • Manger un déjeuner riche en protéines : Commencer la journée avec un repas riche en protéines réduit la probabilité de fluctuations des taux de glycémie.
  • Pratiquer l’alimentation en pleine conscience : L’une des raisons qui nous portent à trop manger est le fait que nous mangeons de façon non intentionnelle. En ralentissant et en savourant nos repas, nous sommes plus enclins à savoir lorsque nous avons suffisamment mangé.
  • Trouver des activités qui nous plaisent : Prendre part à des activités qui nous plaisent nous aide à relâcher de la dopamine et à remplacer le cycle de récompense que nous procurait l’alcool avec quelque chose de plus positif. Essayez de faire de l’exercice, de passer du temps dans la nature ou de jouer d’un instrument pour commencer à créer des souvenirs positifs.
  • Obtenir du soutien : Faites appel à des amis, des membres de votre famille, des groupes de soutien ou à un professionnel de la santé mentale. Parler de votre expérience dans un milieu de soutien peut améliorer vos chances d’apporter un changement durable.

Il est crucial de maintenir une alimentation équilibrée et de gérer ses fringales pour un changement à long terme. En priorisant des aliments entiers et riches en nutriments, et en reconnaissant les déclencheurs émotionnels derrière les fringales, vous parviendrez à mieux soutenir votre santé mentale et physique. Votre parcours ne sera peut-être pas sans embuche, mais une approche en pleine conscience pourrait vous offrir de la stabilité, améliorer votre humeur et jeter de solides bases pour une vie plus satisfaisante.

Comprendre le rôle des aliments dans votre parcours de réduction de la consommation d’alcool est essentiel. En explorant les conséquences de l’alcool sur vos habitudes alimentaires et en adoptant de petits changements nutritionnels, vous pouvez grandement améliorer votre relation avec la nourriture.

ALAViDA, un produit de LifeSpeak inc., est là pour vous aider à redéfinir votre relation avec l’alcool et d’autres substances. Peu importe où vous en êtes sur votre parcours, nous offrons une variété d’options de soutien pour vous aider à apporter des changements positifs et significatifs. Accédez à ce lien pour en savoir plus.


À propos de l’auteure :

Brianne est conseillère canadienne agréée en dépendance, conseillère professionnelle agréée (candidate) et professionnelle agréée en traumatologie. Elle est membre de la Fédération canadienne d’agrément des conseillers en toxicomanie et de l’association canadienne de counseling professionnel. Depuis plus de dix ans, elle se consacre à la formation et au soutien individuel et familial dans les secteurs privé et public. Brianne apporte une approche holistique unique à la compréhension et au traitement des comportements liés à la consommation de substances psychoactives.