Un bon jeudi matin, je m’assois avec un client pour procéder à une évaluation de consommation de substances. Il décrit avec éloquence une histoire que j’entends trop souvent. Il a commencé à boire en contexte social il y a environ 15 ans. Au départ, c’était agréable; l’alcool l’aidait à tisser des liens et à s’intégrer. Or, au fil du temps, les choses ont changé. Petit à petit, il s’est mis à boire seul pour traverser les épreuves de la vie. Il sait que l’alcool lui procure un soulagement instantané, alors c’est devenu sa béquille en période difficile. Les moments difficiles s’enchaînent les uns après les autres, puis sa consommation ne fait qu’augmenter, pour finir par nuire à son mariage, sa carrière, son humeur et sa motivation. Découragé, il me décrit la solitude qui l’habite. Il sollicite mon aide pour reprendre le contrôle sur sa consommation d’alcool.
Il serait partial de ne pas reconnaître que les substances présentent aussi certains bienfaits. Beaucoup de gens commencent à consommer pour se rapprocher des autres et passer du bon temps ensemble. Les substances activent le système de récompense du cerveau, et relâchent des neurotransmetteurs qui nous font sentir bien. Cet élan de neurotransmetteurs nous procure un sentiment de plaisir et de récompense, ce qui rend l’expérience sociale plus agréable et qui favorise un sentiment d’appartenance.
Prenons mon client comme exemple. Au départ, l’alcool l’aidait à se tailler une place au sein d’un groupe. Ce n’est donc pas l’alcool en soi, le problème, mais plutôt la façon dont sa consommation a changé avec le temps pour finir par affecter sa relation avec lui-même et avec les autres.
Les substances peuvent servir de catalyseur pour nos relations personnelles et sociales. En quantité modérée, il va sans dire qu’elles baissent notre garde, réduisent les tensions et nous permettent d’être plus présents. Elles peuvent aussi réduire nos inhibitions pour qu’il nous soit plus facile de faire de nouvelles rencontres, de communiquer avec nos proches et de bien profiter d’une soirée tranquille en solo. La clé est de trouver l’équilibre et de savoir reconnaître lorsque la consommation est pour le plaisir et lorsqu’elle devient problématique.
La consommation de substances devient problématique lorsqu’on consomme pour un soulagement à court terme, en dépit des conséquences négatives. Il n’est pas rare qu’un déséquilibre de consommation affecte plusieurs aspects de la vie, comme le bien-être émotionnel, la santé physique, les relations, le travail et la croissance personnelle.
Le détachement causé par les substances s’entend d’une incapacité à ressentir des émotions (comme la solitude, l’anxiété et la douleur) et à y réagir. Ainsi, les substances permettent aux gens de s’évader ou d’éviter les émotions difficiles et les situations stressantes. Plus nous nous appuyons sur les substances pour gérer nos émotions désagréables, plus nous perdons de vue qui nous sommes et ce qui comble réellement nos besoins. Ce détachement interne peut se faire sentir dans notre vie sociale et créer une distance physique et émotionnelle entre nous et nos proches. Avec le temps, il peut même nuire à nos relations. En outre, on peut couramment ressentir le besoin de se cacher, de se retirer ou de s’isoler, ce qui mène à un cercle de honte, de culpabilité et, en effet, de solitude accrue.
La consommation de substances et le détachement sont interreliés, et s’influencent et se renforcent l’un l’autre. Sur le plan physique, la consommation de substances altère la chimie du cerveau, surtout en ce qui a trait à la dopamine et à d’autres neurotransmetteurs liés à la récompense et au plaisir. Des preuves scientifiques ont démontré que la consommation de substances affecte trois sphères du cerveau : les noyaux gris centraux, l’amygdale et le cortex préfrontal. Au départ, les substances (comme l’alcool) procurent un élan de bonheur et de confort. Mais, à mesure que le cerveau s’y adapte, il commence à nécessiter une plus grande quantité pour se sentir « normal ». Avec le temps, le cerveau dépend de plus en plus des substances pour fonctionner « normalement », ce qui réduit la capacité de ressentir de la joie et de tisser des liens dans nos activités quotidiennes et les relations.
Or, comprendre ce rôle commence par quelques questions auxquelles il importe de répondre en toute honnêteté. Songez à vos propres habitudes et motivations :
Plus vous avez répondu « oui » à ces questions, plus il est probable que votre consommation vous cause un certain détachement. Le reconnaître marque un énorme pas dans la direction du changement. Voici trois stratégies pour vous aider à maintenir une saine relation avec les substances :
La consommation de substances, avec modération, peut en réalité approfondir nos liens sociaux. Cependant, quand elle commence à provoquer un détachement, elle peut vite se transformer en une source d’isolement. En réfléchissant à la fonction de la consommation et à ses conséquences sur votre vie, vous développerez une plus grande conscience et serez en meilleure position pour déterminer comment les substances complémentent votre mode de vie.
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Brianne est conseillère canadienne agréée en dépendance, conseillère professionnelle agréée (candidate) et professionnelle agréée en traumatologie. Elle est membre de la Fédération canadienne d’agrément des conseillers en toxicomanie et de l’association canadienne de counseling professionnel. Depuis plus de dix ans, elle se consacre à la formation et au soutien individuel et familial dans les secteurs privé et public. Brianne apporte une approche holistique unique à la compréhension et au traitement des comportements liés à la consommation de substances psychoactives.