Le TDAH et la consommation de substances

Le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH) est un trouble neurodéveloppemental qui touche des millions de personnes dans le monde. Il se caractérise principalement par des tendances persistantes d’inattention, d’hyperactivité et d’impulsivité. L’intensité de ces caractéristiques varie d’une personne à l’autre, mais crée souvent des difficultés sur le plan personnel et professionnel. En voici un résumé :

  • Inattention : Difficulté à se concentrer sur les tâches qui nécessitent un effort mental soutenu. Les personnes atteintes sont souvent facilement distraites, présentent des difficultés à rester organisé, perdent des articles importants ou font des erreurs d’inattention.
  • Hyperactivité : Mouvement excessif et incapacité à rester tranquille. Par exemple, être agité, parler excessivement ou se sentir comme si on a des fourmis dans les jambes durant les tâches qui nécessitent de rester assis ou de se concentrer durant une période prolongée.
  • Impulsivité : Agir rapidement sans envisager les conséquences. Les personnes impulsives peuvent laisser échapper leurs pensées, interrompre les conversations ou prendre des décisions hâtives pour une satisfaction immédiate, mais qui risquent de causer des problèmes à long terme.

Le lien entre le TDAH et la consommation de substances

Des recherches continuent d’indiquer que les personnes ayant un TDAH sont plus susceptibles de consommer des substances que les personnes neurotypiques. Plusieurs facteurs contribuent à ce risque accru :

  • Impulsivité et comportements à risque : L’impulsivité qui accompagne le TDAH est souvent associée à un comportement à risque. Ainsi, on pourrait avoir de la difficulté à reconnaître les conséquences à long terme de la consommation de substances. Les comportements impulsifs, qui semblent incontrôlables, sont souvent motivés par un besoin de satisfaction immédiate. Ils augmentent donc la probabilité d’expérimenter avec les substances, surtout à l’adolescence.
  • Automédication : Les personnes ayant un TDAH pourraient se tourner vers des substances comme l’alcool, le cannabis ou les stimulants en guise d’automédication. Ces substances peuvent temporairement apaiser l’agitation ou améliorer la concentration, mais aussi aggraver les symptômes du TDAH avec le temps. Par exemple, l’alcool semble peut-être calmer l’hyperactivité, tandis que des stimulants comme la cocaïne pourraient sembler aider à la concentration. Cependant, ces substances présentent des conséquences néfastes à long terme.
  • Irrégularités liées à la dopamine : Le TDAH est lié à des irrégularités dans le système de dopamine du cerveau, responsable du plaisir et de la récompense. Il influence aussi l’humeur, la concentration, la motivation et le mouvement. En bref, ces irrégularités peuvent faire en sorte qu’il devient plus difficile pour une personne de ressentir du plaisir ou de la motivation sans stimuli externes. Beaucoup de substances déclenchent une plus grande libération de dopamine, ce qui permet un soulagement et une gratification temporaire pendant lesquels la personne se sent « normale ».

La coexistence du TDAH et d’autres troubles liés à la santé mentale

Les personnes ayant un TDAH peuvent vivre des difficultés courantes, faisant en sorte qu’il leur est plus difficile de fonctionner de façon efficace en contextes sociaux et professionnels. Que ce soit au chapitre scolaire, professionnel ou social, ces difficultés peuvent se traduire par une faible estime de soi et un sentiment d’échec. D’ailleurs, les sentiments d’inadéquation ont tendance à inciter les gens à vouloir consommer pour engourdir leur douleur. La consommation leur procure un sentiment accru de contrôle et de normalité.

Il n’est pas rare que le TDAH coexiste avec d’autres troubles de santé mentale, comme l’anxiété, la dépression et le trouble oppositionnel avec provocation. La combinaison du TDAH et d’autres difficultés sur le plan de la santé mentale risque de mener à des sentiments d’inadéquation et à une forte motivation de s’automédicamenter. C’est ainsi que se développe le risque de consommer pour composer avec le tout.

  • La dépression et la consommation de substances : Les personnes ayant un TDAH et souffrant de dépression pourraient se tourner vers les drogues ou l’alcool pour engourdir leur douleur émotionnelle.
  • L’anxiété et la consommation de substances : Les personnes souffrant d’anxiété peuvent se tourner vers les substances pour atténuer les sentiments de tension et de malaise.

L’importance de l’intervention précoce et du soutien

Traiter le TDAH dès un jeune âge peut grandement réduire le risque de développer un trouble lié à la consommation de substances. L’intervention précoce pourrait retarder l’apparition des comportements de consommation et améliorer les résultats en général. Voici quelques étapes cruciales à envisager.

  • Médication : Les médicaments les plus couramment prescrits pour le TDAH sont des substances contrôlées comme le Ritalin ou autres stimulants. En termes simples, cela signifie qu’ils peuvent mener à un mauvais usage ou à une dépendance si l’on ne respecte pas la posologie.
  • Thérapie comportementale : La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) est un outil indispensable pour gérer l’impulsivité et développer des stratégies d’adaptation plus saines. Elle aide à reconnaître les schémas négatifs de pensées et à apprendre des stratégies pour gérer les comportements impulsifs.

Certaines personnes présument qu’il est dangereux de prendre des médicaments. En réalité, c’est le contraire; les gens ayant un TDAH qui prenne des médicaments en respectant la posologie sont moins susceptibles que leur contrepartie sans médication à consommer de l’alcool ou des drogues à des fins non médicales. Des études démontrent que les personnes traitées avec des stimulants à l’enfance et à l’adolescence sont également moins susceptibles de consommer des substances comparativement à ceux qui n’ont pas reçu de traitement. En d’autres mots, un traitement efficace du TDAH est une protection puissante contre le mésusage de substances.

La puissance d’un mode de vie sain

Il est essentiel de traiter les troubles de santé mentale coexistants. Cela peut aider à réduire le risque global de consommation en traitant de la détresse émotionnelle sous-jacente qui risque de favoriser l’adoption de comportements d’automédication. Ainsi, un mode de vie sain peut grandement réduire le risque de consommation de substances en traitant les symptômes de base.

  • L’activité physique : L’exercice peut améliorer la concentration et réduire l’hyperactivité puisqu’elle permet de libérer l’excédent d’énergie.
  • La nutrition : Une alimentation riche en grains entiers, protéines maigres, fruits et légumes soutient la fonction cérébrale et la régulation de l’humeur. Réduire son apport en sucre et en aliments transformés peut aussi améliorer la concentration et la stabilité émotionnelle.
  • Un sommeil adéquat : Un manque de repos adéquat risque d’aggraver certains symptômes de TDAH comme l’impulsivité et la dysrégulation émotionnelle. Prioriser un sommeil de qualité améliore le bien-être émotionnel et la clarté mentale.

Les symptômes de TDAH peuvent également s’estomper avec de simples activités comme la respiration profonde et la méditation. Ces activités ont tendance à améliorer la gestion du stress et la concentration.

Les personnes ayant un TDAH ont besoin d’un bon réseau de soutien. Il peut donc être très utile de s’entourer de gens qui aident à déceler les signaux inquiétants. Un bon réseau de soutien composé de membres de la famille, d’amis, de professionnels ou de groupe de soutien en personne ou en ligne, peut apporter une certaine stabilité émotionnelle, prodiguer des conseils, et favoriser l’imputabilité. De plus, il peut fournir du renforcement positif et encourager de saines stratégies d’adaptation.

La pleine conscience et la TCC pour le TDAH

La TCC et les pratiques de pleine conscience peuvent vous aider à développer des aptitudes pour gérer les symptômes du TDAH. D’ailleurs, la TCC peut aider les gens à mieux contrôler les comportements impulsifs en leur apprenant à confronter et à gérer leurs pensées de façon saine. En voici des exemples :

  • TCC : Cette approche thérapeutique nous apprend à remettre en question nos schémas de pensées pour les modifier. Pour les personnes ayant un TDAH, elle aide à contrôler les comportements impulsifs et à adopter d’une perspective plus saine. Développer des pensées et des croyances plus saines aide ensuite à mieux gérer le stress et l’anxiété.
  • Méditation en pleine conscience : En se concentrant sur le moment présent, les personnes ayant un TDAH peuvent arriver à mieux réguler leurs émotions, à réduire leur impulsivité et à rester ancrées.

L’éducation et la sensibilisation pour mieux prévenir

L’éducation et la sensibilisation sur le TDAH en général peuvent grandement contribuer dans la lutte contre le mésusage de substances. Comprendre les symptômes aidera les gens à les reconnaître et à les gérer dès qu’ils surviennent, pour ainsi réduire la probabilité qu’ils consomment comme stratégie d’adaptation. En outre, l’éducation réduit la stigmatisation en lien avec le TDAH et encourage les gens à aller chercher de l’aide sans craindre le jugement.

Être bien informé nous permet de défendre nos intérêts et de nous procurer des mesures d’accommodement pour mieux réussir et être moins incités à engourdir nos émotions par des stimuli externes. C’est aussi ce qui nous donne les connaissances nécessaires pour prendre des décisions personnelles plus saines et éviter d’adopter des comportements dangereux.

Les personnes ayant un TDAH doivent être conscientes des milieux ou des groupes sociaux où la consommation est répandue et les éviter lorsque possible. Renforcer la prise de décision, apprendre à ne pas céder à la pression par les pairs et exercer son affirmation de soi aide à éviter d’être pris au dépourvu.

Certes, les personnes ayant un TDAH présentent un risque accru de consommation, mais cela ne signifie pas nécessairement un mésusage de substances. Cependant, avec la bonne approche, elles peuvent s’épanouir, sans mésusage. La meilleure façon d’y arriver est d’élaborer un plan qui intègre la médication, les interventions comportementales, la thérapie et un mode de vie sain.

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À propos de l’auteure

Julie Perkins est infirmière bachelière, coach virtuelle et experte en troubles de consommation de substances d’ALAViDA, un produit de LifeSpeak inc. Elle a œuvré dans une variété de contextes hospitaliers, notamment les soins d’urgence, la pédiatrie et la traumatologie. Elle travaille comme infirmière pour Service correctionnel Canada depuis 2010, où elle se spécialiste dans les soins aux personnes incarcérées dans un établissement fédéral et aux prises avec des problèmes de santé mentale et de consommation de substances. Elle est actuellement responsable du dépistage et du suivi du TDAH dans cet établissement. Dans le cadre de ses fonctions, elle a d’ailleurs mis en œuvre le programme Smart InsideOut, un programme axé sur la TCC pour les troubles liés à la consommation de substances en milieu correctionnel, et elle dirige des réunions hebdomadaires pour les détenus sur des questions liées à la dépendance.